Les partis d’extrême droite rencontrent un succès électoral dans des pays aussi divers que l’Autriche, le Brésil, les Pays-Bas, la France, la Hongrie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Si ces partis ont en commun des positions anti-immigration, nationalistes, voire xénophobes ou racistes, et un discours anti-élite, ils partagent aussi le fait d’avoir amené leurs opposants à manifester. Ces manifestations atteignent-elles leur objectif déclaré de réduire l’influence des partis d’extrême droite et, si oui, comment ? Pour répondre à ces questions, les auteurs étudient les manifestations qui se sont déroulées en France le 1er mai 2002 entre les deux tours de l’élection présidentielle lors de laquelle le candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen s’était qualifié pour le second tour pour concourir contre Jacques Chirac. Quatre jours avant le second tour du 5 mai, environ 300 manifestations contre Jean-Marie Le Pen et son parti, le Front national, avaient rassemblé plus d’un million et demi de participants à travers le pays. L’étude montre que les manifestations ont atteint leur objectif. Là où elles avaient attiré davantage de manifestants, le nombre de votes pour Le Pen et le nombre d’abstentions et de bulletins blancs ou nuls ont été plus faibles et le nombre de votes pour Chirac plus élevé. Une augmentation d’un pourcent du nombre de participants à une manifestation dans une commune y aurait entraîné une baisse de 0,399 point de pourcentage de la part des suffrages en faveur de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection.