Le système électoral des bourgmestres influence-t-il leur politique de mise à disposition de biens publics ? Une nouvelle étude de Colombo & Tojerow (2020) tend à donner des éléments de réponse à cette question dans le cas précis des mesures prises pour la sécurité des habitants des communes belges. En exploitant la réforme de 2005 ayant introduit l’élection directe du bourgmestre en Wallonie, les auteurs analysent l’effet de cette mesure sur la criminalité en comparaison avec les régions flamande et de Bruxelles-Capitale, où le bourgmestre est encore nommé sur décision du conseil communal.
Dans un premier temps, les auteurs mettent en évidence que l’instauration de l’élection directe des bourgmestres wallons a diminué le taux de criminalité d’entre 4,9% et 5,7%. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que la réforme de 2005 a accru la concurrence politique entre candidats ainsi que leur responsabilité envers les électeurs, ce qui a engendré une hausse des mesures prises pour contrer la criminalité. En outre, une concurrence électorale plus forte a également provoqué un contrôle plus strict des bourgmestres sur les actions du chef de corps de police couvrant leur commune. Dans un second temps, les auteurs s’intéressent à l’effet de la taille d’une zone de police sur cette diminution de la criminalité. La majorité des zones de police belges s’étendant sur plusieurs communes, le mandat de chef de police se voit souvent partagé entre plusieurs bourgmestres. Les auteurs démontrent que la baisse de la criminalité observée est significativement plus faible pour les communes dans cette situation. En outre, l’analyse révèle que la baisse de l’effet de la réforme sur la criminalité est particulièrement prononcée lorsque les bourgmestres des communes constituant une zone de police sont issus de partis politiques différents. Ceci indique que plus une zone de police comprend un nombre important de communes, moins les électeurs sont capables de tenir leur bourgmestre responsable, ce qui tend à diminuer les effets de la réforme sur le maintien de l’ordre.